« Leviathan » reste l’incarnation Talionique du Monstre qui sommeille en chacun de nous.

Certains l’acceptent, d’autres non.

Mais la part d’obscurité qui fait de nous, ce que nous sommes dans l’intimité, reste aussi trouble qu’une mer déchaînée et boueuse dans laquelle vivent, copulent et meurent, les occupants de ses abysses.

Toutefois, l’idée d’une Entité qui veille, prête à frapper le Monstre à chaque instant, et à remettre à sa place, la moindre parcelle de Mal qui hante nos esprits obscurcis, est aussi récurrente que rassurante.

« Leviathan » reste un exercice de style, expérimental et déchaîné, techniquement atypique et totalement assumé. C’est l’anti-« Lounge » par excellence, Musicalement parlant, mais ses moments de calme sont aussi forts que son Cri Final.

Son élaboration dure depuis plus d’une décennie. Comme beaucoup de mes œuvres, ce titre est en constante évolution, et il fait partie d’un travail de longue haleine, dans une dimension particulière, là où peu de personnes sauront, non pas l’apprécier, mais l’accepter, au même titre qu’ils auront eux-mêmes appris à assumer leur propre monstruosité.

À une époque où n’importe qui tue n’importe quoi, une idéologie ou un être humain, ou la machette est aussi brutale et commune que les mots et les écrits sont faciles à asséner, que chacun juge et condamne sans consentir aux conséquences, que l’abandon d’un idéal idyllique semble inévitable, et où la conception d’un (Dés)ordre violent gangrène jour après jour le cœur des anciens comme des enfants, « Leviathan » jette en pleine figure un regard d’interrogat critique et suprême, reflétant la possibilité d’une extinction proche d’une horreur itérative perpétrée sans la moindre honte, dans le chaos d’une Légion d’aveugles se battants entre eux comme une meute de chiens affamés, par le Couroux d’un Démiurge dont le glaive trancherait en deux le corps de la Bête, en sortirait le cœur pour l’ingurgiter, le vomir, et tout recommencer avec une omnipotence irrévocable.

– JM –